Des ailes pour les tourbières : la recherche pour les papillons
Le Parc accueille pour trois ans une thèse d’écologie génétique, en collaboration avec le Laboratoire d’Écologie Alpine de Grenoble. Elle fait partie du programme “des ailes pour les tourbières“. Cette thèse se focalise sur 4 espèces de papillons menacées des tourbières jurassiennes. Elle permettra de mieux comprendre les dynamiques de leurs populations et comment elles sont influencées par le paysage et le changement climatique. L’accueil d’une thèse est une première pour le Parc du Haut-Jura. Il crée ainsi un lien fort avec la recherche universitaire, dans un but de préservation de la richesse écologique.
Les quatre espèces de papillons étudiées
Les zones humides et tourbières jurassiennes abritent quatre espèces de papillons menacés : le Cuivré de la Bistorte, le Fadet des tourbières, le Nacré de la Canneberge et le Mélibée. Elles font plus précisément partie des espèces les plus fragiles et menacées de France et d’Europe.
Ces quatre espèces sont dépendantes du bon état hydrologique des tourbières. En effet, les tourbières sont garantes du maintien de leurs habitats. Le milieu tourbeux induit également la richesse floristique et la structuration de la végétation nécessaire à ces espèces. Le maintien de leurs populations passe non seulement par la préservation de leurs milieux, mais aussi par l’identification des éléments paysagers permettant les échanges génétiques entre populations.
Les objectifs de la thèse
L’objectif de ce projet est d’analyser la diversité génétique intra- et inter-populations en lien avec la variabilité environnementale. La chercheuse pourra alors en déduire des paramètres démographiques et environnementaux clés pour la gestion de ces espèces menacées d’extinction. Ces résultats permettront d’adapter les pratiques et compléter les mesures prises en faveur des tourbières (réhabilitation, gestion et protection).
2023, dernière année de thèse et premières conclusions
histoire des mouvements de populations de papillons
Les données génétiques obtenues lors de l’échantillonnage ont permis de reconstruire l’histoire démographique des quatre espèces. Elles ont mis en évidence l’influence des changements climatiques sur leur démographie. Les modifications d’utilisation des terres liées à l’aménagement sont également impactante pour ces populations.
Identifier les habitats potentiels et leurs connexions
Les gestionnaires des tourbières ont établi un état des lieux des populations locales. Les contraintes environnementales influençant la présence des espèces sur le territoire ont aussi été recensée. Grâce à ce jeu de données, le réseau d’habitats potentiels de chaque espèce a été modélisé.
Les données génomiques sont actuellement croisées avec des données paysagères très locales (utilisation précise des terres, notamment au niveau des zones humides, végétation, topographie, …). A l’aide de ce croisement, on a pu définir les éléments paysagers qui favorisent ou au contraire limitent les déplacements d’individus (corridors, barrières à la dispersion). Ces analyses permettront de connaître la connectivité paysagère au sein du réseau d’habitats modélisé. Cette connaissance est indispensable pour adopter une gestion adéquate à chacune des espèces. La dissémination des résultats aux organismes gestionnaires est facilitée par leur implication active dans ce projet.
En savoir plus avec les publications
- Demographic inferences and climatic niche modelling shed light on the evolutionary history of the emblematic cold-adapted Apollo butterfly at regional scale
- Population decline at distribution margins: Assessing extinction risk in the last glacial relictual but still functional metapopulation of a European butterfly
- Comparative genetic and demographic responses to climate change in three peatland butterflies in the Jura massif