Site Ramsar tourbières et lacs de la montagne jurassienne

Depuis 2021, les tourbières et lacs de la montagne jurassienne rejoignent le réseau des 50 sites labellisés Ramsar en France. Cette distinction internationale vient mettre en lumière le caractère exceptionnel des tourbières et lacs d’altitude du Haut-Jura et du Haut-Doubs.

Ramsar, une convention pour la protection des lacs et tourbières

Ramsar est le nom d’une convention internationale adoptée le 2 février 1971 (dans la ville de Ramsar en Iran). Elle traite de la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources. Cet accord est unique au monde dans la mesure où il porte sur un seul écosystème, en l’occurrence les milieux humides.

La Convention de Ramsar lutte pour prévenir, faire cesser et inverser la perte et la dégradation des zones humides. Le dispositif met en avant leurs fonctions écologiques ainsi que leur valeur économique, culturelle, scientifique et récréative. Par ailleurs, la convention Ramsar sert de cadre à l’action nationale et à la coopération internationale.

Avec les parties contractantes, ses partenaires et les Organisations internationales partenaires (OIP), la convention :

  • Encourage les politiques et les plans d’aménagement du territoire qui tiennent compte des questions relatives aux zones humides ;
  • Suscite l’intérêt du public pour les avantages et services procurés par les zones humides
  • Veille à attirer d’importants investissements pour mieux sensibiliser en collaborant avec des acteurs du secteur privé ;
  • Forge des alliances entre le secteur privé et le secteur public pour inverser la perte et la dégradation alarmantes des zones humides ;
  • Développe les sources de financement pour la conservation et la gestion des zones humides.

Au 2 février 2021, 2414 sites sont labellisés Ramsar dans le Monde et 50 en France.

Ramsar en Franche-Comté : tourbières et lacs de la Montagne jurassienne

Tourbière de Bellefontaine ©PNRHJ/S.Godin

Le site Ramsar « Tourbières et lacs de la Montagne jurassienne » est une extension du site du “Bassin du Drugeon” (labellisé en 2003). L’obtention du label sur cette zone souligne l’engagement des 52 communes concernées. Il est également le fruit du travail d’animation de l’EPAGE Haut-Doubs Haute-Loue et du Parc naturel régional du Haut-Jura, co-gestionnaire de ce site. Cette reconnaissance est intimement liée aux actions menées depuis 2014 par le programme LIFE tourbières du Jura.

Du Haut-Doubs au Haut-Jura, le site compte 125 tourbières et 18 lacs naturels répartis de Pontarlier jusqu’à Saint-Claude. Les tourbières labellisées représentent 36 % de la surface recensée dans le massif jurassien (Suisse et Ain compris) et 66 % de la part franc-comtoise.

Le site se situe en tête des bassins-versants qui alimentent le Doubs, l’Orbe et l’Ain. Il s’agit du plus grand ensemble français de complexe de bas-marais alcalins et de haut-marais de montagne. Il s’agit du premier site de montagne du réseau Ramsar en France. 

Le site est désigné dans la liste des zones humides d’importance internationale en raison du grand nombre d’espèces animales et végétales qu’il abrite ainsi que de la présence de tourbières, un habitat particulièrement menacé. Le site comprend en effet 12 sites Natura 2000 classés aussi bien pour la conservation des oiseaux (ZPS) que de la flore, des habitats et autres espèces de faune, en particulier les insectes (ZSC).

Le site Ramsar tourbières et lacs de la montagne jurassienne en quelques chiffres :

  • 125 tourbières
  • 18 lacs naturels d’altitude (au dessus de 800m)
  • 52 communes
  • 12 sites Natura 2000
  • 12 156 ha de surface totale

Des enjeux forts pour le territoire

L’extension du site Ramsar répond à des enjeux majeurs à l’échelle des montagnes du Jura, tant en termes de biodiversité, de gestion de la ressource en eau, de paysages que d’adaptation au changement climatique.

Une biodiversité rare et unique

Le site Ramsar accueille une biodiversité remarquable, spécifique des milieux tourbeux et des lacs de moyenne montagne. Ces milieux sont très spécifiques car le réseau hydraulique conséquent connecte petit et grand système (lacs). Les espèces présentes y sont “super-adaptées”. Cette particularité les rend encore plus sensibles aux évolutions en cours (changement climatique et impacts anthropiques). Le maintien d’un réseau dense et connecté de milieux humides, tourbeux ou non, et aquatiques est la seule garantie de maintien de ces espèces. C’est indispensable pour certaines espèces à l’accomplissement de leur cycle de vie mais aussi à de potentiels mouvements d’espèces induits par le changement climatique.

Certains cortèges d’odonates, de papillons et de mollusques, uniques en France, y sont présents.

Des alliées pour atténuer les impacts du changement climatique

Les tourbières constituent un stock de carbone dont il faut éviter le relargage dans l’atmosphère. Maintenir l’équilibre écologique des tourbières, c’est conserver ce stock dans le sol et éviter qu’il ne soit relargué dans l’atmosphère sous forme de gaz à effets de serre.

Tourbières du massif du Jura ©PNRHJ/J.Calvo

De même, les milieux humides en général jouent un rôle de tampon hydrologique lors d’évènements extrêmes (sécheresses, crues), de plus ou moins grande efficacité selon la nature des zones humides. La protection de grandes surfaces de zones humides préservées constitue des réservoirs pour l’étalement des crues.

Des paysages emblématiques

Les vallées jurassiennes, parsemées de lacs, petits cours d’eau et tourbières complètent les monts boisés dans la reconnaissance locale et constituent en tant que tel un patrimoine paysager remarquable. Certaines zones bénéficient par ailleurs d’une inscription ou d’un classement au titre du patrimoine paysager.

les Combes-derniers ©PNRHJ/S.Godin

Découvrir la tourbière des Rousses en podcast