Suivre les étiages
Rivières à sec, niveaux des lacs et des nappes au plus bas, vagues de chaleur sans aucune goutte de pluie… Autant de constats de plus en plus fréquents qui inquiètent chaque année. Ces situations ne sont pas sans conséquence sur notre environnement et notre quotidien. Afin de suivre au mieux l’évolution de la situation hydrologique des cours d’eau de son territoire, le Parc du Haut-Jura assure la surveillance régulière des débits d’étiages.
Qu’est ce qu’un étiage ?
L’étiage est l’état de toute étendue d’eau ou cours d’eau à son niveau le plus bas.
L’impact des étiages sur les milieux aquatiques
La baisse des niveaux d’eau a de multiples impacts sur les milieux aquatiques. La diminution des débits impacte directement la biodiversité. Elle souffre également de la détérioration de la qualité de l’eau à ces périodes. Un faible niveau d’eau des cours d’eau peut impacter des usages comme le tourisme, l’agriculture…. Les étiages conduisent à :
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la diminution du débit favorise l’augmentation de la température de l’eau. L’oxygène dissous dans l’eau diminue lorsque la température augmente. L’activité des poissons se trouve alors réduite.
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La baisse des niveaux associée au manque d’eau peut rendre certains obstacles infranchissables, supprimer des connexions entre plusieurs parties d’un cours d’eau ou restreindre l’accès aux milieux annexes. La mobilité des espèces est impactée. Cela peut conduire directement à la mort des espèces peu mobiles et incapables de survivre au manque d’eau.
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Les étiages peuvent avoir pour conséquence de modifier la végétation dans les milieux aquatiques. La baisse des niveaux peut conduire au développement rapide de certaines espèces, alors que d’autres espèces peuvent disparaître de manière plus ou moins prolongée. Le réchauffement de l’eau accentue le risque d’eutrophisation (développement d’algues grâce à la présence de nutriments en abondance et consommation d’une part considérable de l’oxygène disponible).
Il peut également y avoir des impacts sanitaires. La prolifération d’algues est susceptible de conduire à des rejets de gaz toxiques, rendant dangereuse la pratique de la baignade ou d’activités au contact de l’eau telles que la pêche, le canoë, le canyoning, …. La dégradation de la qualité de l’eau implique des surcoûts de traitement pour sa potabilisation, et peut même conduire à une eau impropre à la consommation.
Organisation du suivi des étiages
Le suivi des étiages à l’échelle du département du Jura s’appuie sur le modèle de l’OFB (Office Français pour la Biodiversité). Le schéma ci-dessous explique le calendrier des mesures d’étiages.
Les agents assurent un suivi jusqu’à un retour à la normale des niveaux. C’est à dire que plus de 80% des stations sont sujettes à un écoulement visible. En situation de crise, le protocole suivi bihebdomadaire s’applique jusqu’au retour à une situation plus acceptable. Le site internet « Enquête d’eau » héberge l’ensemble de ces résultats.
Les agents du Parc suivent les étiages du sous-bassin Ain-médian et Valouse. Le Parc et la fédération de Pêche se partagent la surveillance étiages sur le sous-bassin de la Bienne.
Cinq modalités d’écoulement peuvent être saisies : débordement, écoulement visible acceptable, écoulement visible faible, écoulement non visible, assec. Il y a également la possibilité d’ajouter une photo de la situation observée ainsi que la météo au moment du suivi.
Par la suite, la Fédération de pêche du Jura extrait ces données puis les valorise. Cette mise en commun permet à la cellule de veille “sécheresse” du département de prendre des décisions éclairées sur d’éventuelles restrictions temporaires des usages de l’eau sur tout ou partie du département.
Bilan des mesures d’étiages 2022
En 2022, le réseau Enquête d’eau a suivi 126 stations sur le bassin-versant de la Haute Vallée de l’Ain et de l’Orbe (Territoire GEMAPI du PNR).
38 % de ces stations ont été observées à sec au moins une fois durant la campagne 2022. Certaines rivières comme l’Orbe à Bois-d’Amont (39) ou le Merlue à Ecrille (39) ont été observées à sec pendant 1,5 mois.
De plus, les cours d’eau observés en eau n’ont pas toujours eu des débits acceptables. Il pouvait en effet s’agir d’écoulements visibles faibles ou encore d’écoulements non visibles et insuffisants pour la vie aquatique. La Fédération de pêche du Jura a dû réaliser plusieurs pêches de sauvegarde pour préserver les populations piscicoles des cours d’eau tendant à s’assécher.