Suivre les pollutions sur le secteur Ain et Valouse
Si l’on s’en réfère aux indicateurs de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE), quelques cours d’eau sont relativement épargnés par les pollutions, mais d’autres sont davantage impactés tels que l’Ain de Crotenay à Pont de Poitte, la Sirène, le Murgin, le Merlu ou encore le Buronnet. La principale pression altérant les cours d’eau de ce bassin versant est constituée par les rejets de pollution organique.
Qu’est ce que la pollution organique ?
Lorsque les nitrates et phosphates, apportés principalement par les rejets urbains d’eaux usées ou l’agriculture, sont présents en excès dans l’eau, les algues et végétaux se développent fortement au détriment des autres formes de vie aquatique. C’est le phénomène d’eutrophisation.
Des pollutions organiques sur le bassin de l’Ain et la Valouse
En parallèle des pollutions chroniques, le bassin subit des pollutions ponctuelles. L’exemple flagrant est celui du ruisseau du Moulin (ou ruisseau de Nancuise). En mai 2022, le ruisseau a pris une couleur laiteuse. Les riverains témoins de la scène ont rapidement envisagé une pollution au niveau du plateau qui alimente la source. L’intensification de la pollution en quelques jours leur a donné raison.
L’importante concentration en matière organique dans l’eau a provoqué une forte chute de la concentration en oxygène dissous. Très vite identifiée, la pollution provenait de l’écoulement accidentelle d’un important volume de lactosérum dans le karst. Une enquête judiciaire est en cours.
Les fortes pollutions organiques provoquent une importante chute de la concentration en oxygène dissous dans l’eau.
Des microorganismes vont très vite se multiplier en présence de pollutions organiques. En temps normal, ils sont naturellement présents dans le milieu mais en faible quantité. Ils ont la capacité d’oxyder la matière organique tout en consommant de l’oxygène. Donc si la pollution est importante, leur consommation d’oxygène est également importante.
La plupart des espèces aquatiques présentes dans la rivière peuvent être impactées dès lors que la concentration en oxygène dissous dans l’eau est inférieure à 6 mg/L. Il s’agit de la norme de qualité environnementale.
Un suivi du linéaire pollué
Les services de l’État, la Fédération du Jura pour la pêche et la protection du milieu aquatique et le Parc naturel régional du Haut-Jura se coordonnent pour assurer un suivi de l’état du milieu naturel sur le linéaire impacté. La portion s’étend de la source de la Doye à la confluence entre le Valouson et la Valouse. Ces structures déploient 2 types de suivi :
- Une mesure en continu de 3 paramètres (oxygène dissous, conductivité, turbidité). Ces mesures permettent d’évaluer la qualité de l’eau.
- Des observations de différents compartiments de la rivière sont effectuées toutes les semaines du 24 juin au 7 septembre en 5 points répartis sur le linéaire impacté.
Les observations permettent de mettre en évidence une nette résorption du colmatage algale. C’est-à-dire que l’épais matelas qui s’était formé à l’issue du passage du flux de pollution a progressivement disparu, en lien direct avec l’arrêt de l’important flux de matière organique. Cependant, à hauteur de Marigna-sur-Valouse, d’autres algues, plus petites et brunes se sont développées au cours de l’été, probablement en lien avec une pollution organique chronique sur le bassin. La vie aquatique est toujours présente mais les observations notent une diminution de sa quantité et diversité. Seuls des protocoles standardisés pourront confirmer ou non ces constats visuels.
Vous pouvez aussi suivre l’état des cours d’eau près de chez vous à l’échelle du bassin Rhône-Méditerranée ou à l’échelle française.