Protéger la Valserine avec le label Site Rivière Sauvage
Pour sa richesse et son caractère préservé, la Valserine bénéficie depuis 2014 du label « Site rivière sauvage ». Un label qui vient souligner les efforts d’un territoire pour la préservation de ses cours d’eau.
La Valserine a été la première rivière française à bénéficier de ce label volontaire “Site rivière Sauvage”. C’est sur ses berges qu’est d’ailleurs née la démarche.
Un site rivière sauvage pilote
En 2014, après des initiatives lancées par des pêcheurs locaux soucieux de préserver la rivière, le Fonds Rivières Sauvages, European Rivers Network et le WWF, décident de construire un outil permettant de préserver et valoriser ces cours d’eau de référence : le label « Site Rivières Sauvages ».
Pour cela, ils se sont appuyés sur les acteurs locaux tels que le Parc naturel régional du Haut-jura, le Département de l’Ain, la Fédération de pêche de l’Ain et le Groupement Valsemine. Tous ces acteurs ont allié leurs compétences pour faire émerger le premier contrat de rivière sauvage de France. Ce contrat est directement lié au label. Il permet la mise en place sur 5 ans de nombreuses actions en faveur des milieux aquatiques. Ainsi la Valserine a été la première d’une longue liste de rivières à l’échelle nationale et européenne à bénéficier de ce dispositif.
Le tronçon labellisé s’étend des sources jusqu’aux pertes de la Valserine au niveau de la ville de Valserhône. Ce qui représente 46 kilomètres soit près de 97% du cours de la rivière.
La labellisation est valable sur 5 ans. La première était valable de 2014 à 2018. L’année 2019 a ainsi permis de faire le bilan de ce premier cycle et de préparer la réactualisation du label et du programme d’actions.
Le deuxième contrat de rivière sauvage Valserine 2020-2024
Le label est en effet lié à un programme d’actions formalisé par la signature d’un contrat entre différentes structures. C’est l’existence de ce programme d’actions, couplé à la qualité de la rivière qui permet de prétendre à une labellisation.
L’actuel programme 2020-2024 comprend 69 actions. Un ensemble de 9 signataires portent ce programme :
- Le Parc Naturel Régional du Haut-Jura,
- Le Département de l’Ain,
- La Communauté d’Agglomération « Pays de Gex Agglo »,
- La Communauté de communes du Pays Bellegardien,
- La Fédération de l’Ain pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique,
- Le Conservatoire des Espaces Naturels Rhône-Alpes,
- L’Association du Réseau des sites Rivières Sauvages,
- Le Groupement Valsemine (groupement de deux des AAPPMA du bassin-versant).
Le label “Site rivière sauvage” nous montre que même sur des rivières réputées en très bon état, il est toujours possible mais surtout utile de restaurer et protéger ces milieux encore plus efficacement.
Franck GIROD, Vice-Président du Parc naturel régional du Haut-Jura en charge du Grand Cycle
de l’Eau
Parmi ces signataires, certains sont maîtres d’ouvrage d’action, d’autres financeurs. Chacune des actions est budgétisée et programmée sur la durée du label. Ces actions sont de plusieurs ordres.
Les actions à but pédagogique et de sensibilisation
Les actions à but pédagogique s’adressent à de nombreux publics différents, scolaires, habitants de la vallée, touristes. Différents maîtres d’ouvrages mènent à bien ces missions.
Parmi elles, des ateliers découvertes sensibilisent les jeunes à la protection et à la fragilité des milieux aquatiques. La Fédération de pêche ou le Groupement Valsemine sont aux commandes de ces ateliers pédagogiques.
Le Parc, quant à lui, met en place des sessions de formations à destination des professionnels. Ils ont pour but de sensibiliser à certaines thématiques comme la dissémination des plantes invasives.
S’ajoutent à cela, diverses actions de communication auprès du grand public comme la Fête de la Valserine. Organisée par la Communauté de communes du Pays Bellegardien et l’Office de Tourisme Terre Valserine, cet évènement permet à tous les acteurs du Contrat présents de communiquer sur leurs actions et sensibiliser le grand public à la protection de la rivière.
Les actions d’étude et de connaissance
Le volet étude comprend des champs d’intervention très vastes. Certaines études portent sur des projets de restauration des milieux aquatiques. Notamment d’affluents de la Valserine et de zones humides. Le Parc et ses partenaires essaient notamment de se doter d’outils prospectifs. Leur but est d’aider à prioriser les actions pour les années à venir en fonction des enjeux du territoire comme le Plan de Gestion Stratégique des Zones Humides.
Le bassin-versant sert aussi de test à l’émergence de moyens innovants pour suivre la qualité des eaux. Le suivi peut par exemple se faire au moyen de l’ADN environnemental des diatomées. Ces algues unicellulaires rendent compte de la qualité de l’eau et la recherche de leurs séquences ADN dans la rivière permet un suivi fin et précis. D’autres suivis, plus classiques, apprécient l’évolution des températures de l’eau au cours de l’année.
Les actions de restauration de la morphologie et de la continuité
Enfin, certaines des actions les plus impressionnantes concernent la restauration de certaines portions de rivière ou de zones humides. En effet, bien que préservé, le bassin-versant n’est pas exempt de pressions. Sur quelques secteurs, la Valserine a connu des opérations de rectification modifiant sa morphologie.
Par exemple sur le site du Grand Essert, un important méandre a été rectifié par un merlon d’enrochements. Ce merlon entraînait des dysfonctionnements majeurs sur la rivière. Pour restaurer son fonctionnement, une étude et des travaux ont été finalisés en 2021.
Ponctuellement des actions de restauration de la continuité écologique sont menées pour permettre aux espèces piscicoles et aux sédiments de circuler plus librement sur la rivière. Pour cela, les barrages abandonnés peuvent être arasés et ceux ayant un usage sont équipés de passes à poissons comme à Saint-Germain-de-Joux sur la Semine ou à Lélex sur la Valserine.