Une mosaïque de milieux naturels et d’espèces

Le Parc naturel régional du Haut-Jura s’étend sur près de 178 000 hectares. Il est à cheval sur les deux régions Bourgogne Franche-Comté et Auvergne Rhône-Alpes, dans les départements du Doubs, du Jura et de l’Ain. Qualifié de moyenne montagne, les deux tiers de sa superficie se trouve au-dessus de 800 m d’altitude. Il couvre les plus hauts sommets du massif dont le point culminant est le Crêt de la Neige à 1720 m. Au cœur des montagnes du Jura, le Parc possède un patrimoine paysager, naturel et sonore exceptionnel. Il se compose d’une mosaïque de milieux naturels et d’espèces.

Un patrimoine paysager remarquable

Les paysages haut-jurassiens résultent d’une combinaison entre le relief, le climat et la couverture végétale. Combes et crêts d’altitude, sommets de la Haute Chaîne, plateaux de moyenne altitude du Grandvaux ou du Haut-Doubs, vallées encaissées de la Bienne ou de la Saine, gorges et cascades de la Valserine ou de la Lemme… Les paysages du Haut-Jura sont propres à ce territoire et ne se confondent avec aucun autre. Ils sont d’ailleurs réputés pour leur douceur, leurs points de vue accessibles, leurs espaces ouverts ponctués de fermes isolées

Mais l’occupation et les activités humaines ont également fait évoluer les paysages. Si aujourd’hui la forêt est omniprésente, cela n’a pas toujours été le cas. Au début du XXème siècle, le Haut-Jura était un territoire pastoral et cultivé, les bois étant repoussés sur les zones les plus pentues. Mais l’exode rural du siècle dernier a conduit à une reconquête du territoire par la forêt. De nombreux hameaux ou fermes isolées ont disparu et l’habitat s’est concentré d’avantage dans les villages. Parallèlement, l’artisanat et l’industrie ont également façonné les paysages. Les ateliers et usines se sont installés au cœur des bourgs ou le long des cours d’eau pour pouvoir utiliser la force hydraulique. On parle de “district industriel de la montagne”, une caractéristique rare en secteur de montagne.

Un patrimoine sonore unique

Le Haut-Jura s’écoute aussi. Les cloches des troupeaux, le chant des oiseaux, le bruissement des cours d’eau, la sonorité des activités villageoises, la glace qui craque … Tout participe à l’univers sonore de la montagne jurassienne. Depuis plus de vingt ans, le Parc s’intéresse à la signature sonore du Haut-Jura. Une démarche culturelle mais aussi scientifique qui prend sens à travers différents projets.

Un patrimoine naturel riche

Milieux naturels de type alpage du Haut-Jura
Alpage de la Pillarde ©S.Godin

Le climat montagnard au carrefour des influences septentrionales et méridionales, la pression très relative de l’Homme (44 habitants/km2), les techniques culturales peu intensives, le maintien de grands massifs forestiers ont doté le Haut-Jura de milieux naturels riches de certains éléments uniques en France, voire en Europe.

Les milieux naturels ouverts (tourbières, pelouses sèches, prairies, alpages), s’imbriquent en mosaïque, constituant un continuum écologique complexe et diversifié en termes de biodiversité. Omniprésente sur le territoire la forêt fournit habitat et ressource à de nombreuses espèces.

  • La forêt du Haut-Jura recouvre 70% du territoire du Parc et fait la part belle aux résineux (l’épicéa notamment). Le Parc présente tout l’étagement de la végétation, depuis les forêts alluviales d’aulnes, de saules et de frênes de la basse vallée de la Bienne ou de la vallée du Rhône, jusqu’aux stations de pins à crochets du Crêt de la Neige. En altitude, une forêt mélangée de hêtres, de sapins et d’épicéa domine. Ces forêts sont essentiellement gérées en futaies irrégulières parfois “jardinées”. Ce mode d’exploitation favorise la croissance d’espèces variées à différents stades de maturité. Cette diversité biologique du milieu permet le maintien d’espèces emblématiques telles que le Grand Tétras.

    Multifonctionnalité de la forêt : Elle fournit le bois d’œuvre pour la construction, la menuiserie et l’ébénisterie. Les hêtres, ou foyards, fournissent la matière première sous forme de bois bûches ou de plaquettes. La forêt est aussi un espace accueillant de nombreux loisirs comme la randonnée, le ski nordique. Au-delà des activités humaines, elle apporte habitats et ressources à de nombreuses espèces.

    ©E.Durr

    Les pré-bois ou pâturages boisés sont une mosaïque d’herbages pâturés et de boisements. Riche d’une importante biodiversité, ces milieux abritent de nombreuses espèces protégées comme la Gélinotte des bois. Le maintien de ces habitats dépend d’une gestion pastorale et forestière raisonnée.

    Quelques espèces remarquables observables :  oiseaux : Grands Tétras, Gélinotte des bois, Chevêchette d’Europe, Chouette de Tengmalm, Bec croisé des sapins / papillons : Azuré de la Croisette (pré-bois) / plantes : Hellébore fétide, Sabot de Vénus / mammifères : Lynx boréal, Chevreuil, Marte…

    Grand Tétras©J.Arbez
  • Les pelouses sèches et prairies sont des milieux naturels ou semi-naturels généralement d’une grande richesse patrimoniale, tant sur le plan de la biodiversité que sur le plan culturel et humain.

    Les pelouses sèches se développent sur des sols superficiels et pauvres ne retenant pas l’eau. Elles abritent orchidées et insectes remarquables. Difficile d’accès pour les machines agricoles et moins pâturées qu’autrefois elles ont tendance à disparaitre au profit des broussailles.

    Les prairies sont des formations d’herbes hautes développée sur un sol relativement profond et riche. Elles sont utilisées pour nourrir le bétail. Leur flore est à la base de la qualité gustative du lait servant à la fabrication des fromages locaux (Comté, Morbier, Bleu de Gex). L

    Prairies fleuries ©S.Godin

    Quelques espèces observables : oiseaux : Pie grièche écorcheur, Milan royal / plantes : Gentiane croisette, Campanule à feuille ronde / reptiles : Couleuvre, / mammifères : Hermine / Insectes : Apollon, Ephippigère des vignes…

    Orchis Militaire ©PNRHJ

  • Sur une montagne calcaire, l’eau de surface est rare. L’essentiel de l’eau s’infiltre dans les sols et les sous-sols pour ressortir dans les vallées dans des sources parfois importantes (Source du Doubs, source de l’Enragée …). Sur les plateaux ou les vallées d’altitude, des couches géologiques imperméables, parfois créées par le travail des anciens glaciers, permet le développement de lacs naturels et de quelques rares rivières.

    Les principales rivières (Bienne, Orbe, Saine, Lemme, Doubs, Cébriot, Valserine, Semine), restent limitées aux vallées. La perméabilité du sous-sol induit une vulnérabilité importante des eaux souterraines aux pollutions de toutes natures (urbaines, industrielles, agricoles, sauvages) et un transfert rapide des polluants jusqu’aux sources ou résurgences, nécessitant une vigilance permanente.

    Ces milieux aquatiques abritent une faune et une flore très riche. Le Parc mène des actions de restauration et de préservation des cours d’eau.

    Pertes de la Valserine ©JB.Strobel

    Quelques espèces observables : plantes : Characées, Renoncules aquatiques / poissons : Truite Fario / oiseaux : Cincle plongeur, Bergeronnette des ruisseaux / amphibien : Grenouille rousse, …

    Truite fario ©PNRHJ/R.Bellier

  • Les milieux humides fournissent eau et éléments nutritifs dont dépend la survie d’innombrable espèces (oiseaux, amphibiens, reptiles, plantes, insectes). Le Haut-Jura abrite près de 2% de milieux humides qui sont essentiellement des tourbières et des marais nés du retrait des glaciers et d’une forte pluviométrie associée à la rigueur des températures. Faible proportion du territoire, ces milieux d’une grande richesse biologique font l’objet d’une attention toute particulière comme avec les programmes LIFE Tourbières du Jura.

    Tourbière du Jura ©S.Godin

    Quelques espèces observables : plantes : Rossolis à feuilles rondes, Œillet superbe/ insectes : Cuivré de la Bistorte, Cordulie arctique, Leucorrhine à gros thorax, / reptile : Lézard vivipare…

    Cuivré de la Bistorte
  • Généralement inaccessible à l’Homme, les milieux rupestres abritent encore une faune et une flore rares et riches. Dans le Haut-Jura, la roche calcaire apparait partout en large pans et donne au paysage son caractère rupestre.

    Chamois ©E.Durr

    Quelques espèces observables : oiseaux : faucon pèlerin, chamois, Tichodrome échelette, Hirondelle de rocher, Aigle royal (très rare dans le Jura) / plantes : orpin âcre / Mammifères :  molosse de Cestoni, chamois…

Cette diversité de milieux concourt à une faune très présente. Elle se compose d’espèces emblématiques protégées (Lynx, Grand tétras), d’espèces très discrètes (Martre, Hermine,..), d’autre plus commune (Renard, Milan, Chamois) ou au contraire en expansion (Cerfs, Sangliers). La variété de la flore n’a d’égal que sa richesse tant en milieu humide qu’en milieu sec. Elle participe à ce titre à l’exceptionnelle diversité de l’entomofaune (Azuré de la croisette, Apollon,…).